Plus de 50 ans de carrière !


A partir de là, les succès vont s'enchaîner. On n'entend plus que lui, au point qu'il se permet d'intervenir directement auprès des radios afin que l'on diffuse moins ses succès, de crainte que le public ne se lasse. 1936, le film "Marinella" triomphe. Ce sont les premiers congés payés. Sur les routes, les banderoles proclament "Vive Tino, Vive Léon Blum". Quand, dans le film de Pierre Caron, Tino entonne "Tchi Tchi", toute la France reprend ces mots avec lui. La même année, "Tout Paris chante" avec Tino au Casino de Paris. En 1937, il tourne "Naples au Baiser de Feu". D'autres noms sont au générique : Henri Jeanson, Marcel Achard pour le scénario, Vincent Scotto pour la musique. Viviane Romance et Mireille Balin pour les actrices. Il s'éprend de sa partenaire Mireille Balin. En 1938, il part aux Etats-Unis (avec Mireille Balin qui avait un contrat avec Hollywood) où ses disques sont diffusés à un rythme affolant. Tous les américains connaissent déjà "Vieni, Vieni" : la chanson restera 28 semaines n°1 au plus célèbre Hit Parade américain ! La Fox lui propose alors de tourner un film, "Balalaïka", nouvelle version d'une opérette. A la stupéfaction générale, Tino refuse ! Il n'aime que les créations. Et surtout, il a le mal du pays, il veut rentrer en France. Ce qu'il fait enfin après une tournée triomphale au Canada.



En 1941, Tino rencontre Lilia Vetti, jeune danseuse du ballet de Mistinguett. Durant deux semaines, il lui envoie chaque matin une gerbe de roses avec une carte "de la part d'un admirateur dévoué". Ils tourneront ensemble dans "Le chant de l'exilé", "Ile d'amour", "Le gardian", "La belle meunière". Leur métier ne les sépare pas, bien au contraire. Ils se marient le 14 juillet 1947 à Cassis. Dix mois plus tard naîtra leur fils, Laurent. Encore en 1947, à Ottawa, il fallut plus d'une heure pour le libérer de ses admirateurs (et surtout admiratrices !) qui s'étaient rués sur le plateau alors qu'il chantait "Besame mucho". Le premier disque d'or est attribué à… Tino Rossi.



Il a déjà conquis l'Amérique. En 1952, c'est la Grande Bretagne qui lui fait un triomphe. L'année suivante, Sacha Guitry l'engage pour interpréter le rôle du gondolier de Louis XIV dans "Si Versailles m'était conté". On s'arrache Tino. Qu'il soit en tenue de marin, foulard rouge et casquette, ou en smoking, sa prestance ajoutée à sa voix font merveille. On détourne même un train dans lequel il se trouve par peur d'une émeute à la gare de Marseille !! Francis Lopez ne s'y trompe pas. Il compose "Méditerranée", demande à Tino d'être la vedette de cette opérette qui se jouera à guichets fermés au Chatelet pendant 2 ans ! En 1957, à Mogador, "Naples au Baiser de Feu" obtient le même succès. Puis en 1963, Tino crée le dernier spectacle du théâtre de l'ABC avant sa démolition, "Le temps des guitares". Il entre ainsi dans le club des yéyés grâce à F. Lopez qui lui offre une "opérette rock", avec des guitares électriques "mais pas trop, demande Tino, je ne veux pas que mon public devienne sourd". Tino n'a plus rien à prouver, mais comme lorsqu'il était enfant, il ne peut vivre sans chanter. En 1969, il crée encore une comédie musicale, signée Henri Betti et Laurent Rossi, son fils. En 1970, il reprend la chanson du film "Le Parrain" et "La chanson de Lara" de "docteur Jivago". Il chante les airs de son temps. C'est ce qui l'empêchera toujours d'être démodé. Ses amitiés n'ont pas d'âge. Marcel Pagnol, Vincent Scotto ont émaillé ses jeunes années. Charles Trénet, Johny Hallyday sont ses fidèles supporters. Plus personne ne peut se passer de Tino. Même pas la télévision ! En 1972, Jean-Christophe Averty lui consacre un "Tino Rossi pour toujours" et l'Académie Charles Cros lui décerne le Grand Prix du disque pour ses quarante ans de chanson.



La "Tinomania" ne faiblit pas. En 1973, un boulevard Tino Rossi est inauguré à Ajaccio, à quelques mètres du cours Napoléon. D'un concert auquel des milliers de personnes assistent dans le jardin des Tuileries en 1976, au super Show Tino Rossi des Carpentiers à la télévision en 1977, Tino chante et nous enchante. Depuis "Destins", le film où il a interprété pour la première fois "Petit Papa Noël" en 1946, il n'y a pas une fête de la nativité qui se passe sans qu'on entende sa voix.



Mais les années passent. Du 4 novembre 1982 au 2 janvier 1983, Tino est au Casino de Paris pour rappeler à son public combien ces "50 ans d'amour" (en réalité une carrière d'environ 60 ans de chanson mais j'ai voulu faire allusion à la chanson "50 ans d'amour") ont été importants pour lui. Chaque soir, une salle comble, debout, l'acclame…